CFP: Violence, identité et construction de la Nation

Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université de Lubumbashi, RDCongo
Colloque international
Lubumbashi, 28-30 octobre 2020

Appel à communication
Violence, identité et construction de la Nation

Argumentaire
La violence est, aujourd’hui, un sujet qui suscite bien des débats. Michela Marzano, Séverine Autesserre, Nancy Rose Hunt, René Lemarchand et Denis Mukwege se sont penchés sur les causes et la nature de la violence, en République démocratique du Congo particulièrement. En effet, lorsqu’on parle de la violence dans l’espace africain, le Congo (RD) apparaît comme la métaphore de toutes les violences du continent. Chimamanda Ngozi Adichie et Wole Soyinka, notamment, considèrent l’armée congolaise comme la première responsable de la violence.

Les récits des récents conflits traumatiques au Congo illustrent le titre emblématique de Conrad « Heart of Darkness », c’est-à-dire « le Cœur des ténèbres », mettant en évidence la violence et les viols intensifs commis à la fois par des hommes et des femmes, qui touchent non seulement les adultes mais aussi les enfants (voire des bébés de trois mois) et les personnes âgées (même de plus de quatre-vingts ans). Le viol a été utilisé comme une arme de guerre non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan mental à telle enseigne que des mères ont été contraintes d’avoir des rapports sexuels avec leurs propres fils et des pères avec leurs propres filles. Ces transgressions et ces humiliations ont violemment souillé et détruit le tissu social, économique et culturel de l'Est du Congo, mais elles ont également marqué la nation entière.

Par ailleurs, le Congo (RD) n'est pas le seul pays à souffrir des problèmes de violence, de viol, ou d'identité et de nationalité. La Sierra Leone, l'Angola, le Soudan, le Rwanda, le Kosovo, pour ne citer que ceux-là, ont dû faire face à des problèmes similaires. Ces pays ont été marqués par la violence sur les plans physique, mental et économique.

Quelle est la nature de cette violence et pourquoi la République démocratique du Congo est-il considéré comme le site de la violence par excellence, la capitale du viol ? Pourquoi les Congolais perpétuent-ils la violence ? Comment explique-t-on la mutilation des corps dans le Sud-Est du pays? Comment explique-t-on l'enlèvement et le viol des enfants et le cercle vicieux des viols de femmes? S'agit-il du prolongement des pratiques de l'armée coloniale ou des conséquences psychotiques des années de déshumanisation et de violence ? Bref, comment s’explique cette « héroïsation de la violence criminelle et sa mise en spectacle » (M. Marzano) ?

De plus, comment une Nation s'identifie-t-elle lorsqu'elle est perçue comme étant «la capitale du viol » ? Comment peut-on se représenter l'homme congolais lorsqu'il est assimilé au viol de femmes ? Comment comprendre le viol et la violence quand on sait que l’opinion générale condamne le viol des femmes par des hommes et non celui des hommes par des femmes ? Comment, dans une telle situation, reconstruire le soi et rétablir la fierté et la personnalité d’antan ? Comment reconstruire l'identité nationale et refonder la Nation ? Comment une Nation procède-t-elle pour se reconstruire sur base du défi ?

Ateliers, séminaires, films, musique populaire et religieuse, articles de presse, reportages dans les médias, littérature, histoire, ouvrages sur le génocide et essais savants … ont traité du viol et de la violence au Congo ou en Afrique. Mais, s’ils ont agi pour défendre les femmes et le peuple congolais, tous ont condamné l’irresponsabilité et la faillite de la Nation. Certes, des séminaires organisés par l’Etat ou par des Organisations humanitaires ont permis de débattre de la violence et du viol, mais les arguments avancés semblent superficiels, surtout que les autorités politiques ont rejeté et banalisé la notion même de viol, et les victimes elles-mêmes ont parfois approuvé les récits officiels du viol.

L’objectif de ce colloque international multidisciplinaire invite les chercheurs à se pencher, selon leur discipline, (littérature, histoire, médecine, philosophie, théologie, sociologie, anthropologie, psychanalyse, droit, etc.), sur la notion, la nature et les causes de cette violence, sur ses relations avec l’identité et la construction (refondation) de la Nation, sur ses sources sociales, culturelles, historiques ou économiques, sur l’origine de son utilisation comme pouvoir politique et arme de guerre, sur la façon et les stratégies de reconstruire l’identité nationale et ainsi parvenir à refonder la Nation dans le contexte africain et, en particulier, congolais.

Axes de recherche
Violence et viol dans la littérature.
Violence et viol dans les conflits.
Paradigmes de la diversité dans la société africaine.
Violence, identité et la construction de la nation.
Violence, viol et identité religieuse.
Violence et identité ethnique, raciale et homophobe.
Militarisme, masculinité et violence.
Violence dans les récits des enfants soldats.
Intérêts, conflits économiques et violence.
Récits des Droits de l’Homme et violence.
Histoire de la violence et des traumatismes.
Histoire et écriture de la violence.
Trauma et violence dans les langues et littératures africaines.
Trauma et violence dans les littératures africaines anglophones et francophones.

Comité d’organisation

  1. Maurice Amuri Mpala-Lutebele, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  2. Justin Bisanswa Kalulu, Université de Lubumbashi (RDCongo)/ Université Laval (Canada)
  3. Jenny Chiwengo Ngwarsungu, Creighton University (USA).
  4. Marcel Ngandu Mutombo, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  5. Lokangaka Losambe , University of Vermont (USA).
  6. Joseph Lunjwire Lw’engombe, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  7. Kasereka Kavwahirehi, University d’Ottawa (Canada).
  8. Kasongo Kapanga, Richmond University (USA).
  9. Michaël Kasombo Tshibanda, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  10. Salikoko S. Mufwene, University of Chicago (USA).

Comité scientifique

  1. Maurice Amuri Mpala-Lutebele, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  2. Buata B. Malela, Centre Universitaire de Mayotte.
  3. Jenny Chiwengo Ngwarsungu, Creighton University (USA).
  4. Bernadette Desorbay, Humboldt-Universität zu Berlin (Allemagne).
  5. Donatien Dibwe Dia Mwembu, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  6. Justin Bisanswa Kalulu, Université de Lubumbashi (RDCongo)/Université Laval (Canada).
  7. Gehrmann Suzanne, Humboldt-Universität zu Berlin (Allemangne).
  8. Kasereka Kavwahirehi, Université d’Ottawa (Canada).
  9. Kazadi Kimbu, Université de Lubumbashi (RDCongo).
  10. Kasongo Kapanga, Richmond University (USA).
  11. Lokangaka Losambe, University of Vermont (USA).
  12. Sabrina Parent, Université libre de Bruxelles (Belgique).

Modalités de participation
Les propositions de communication en Anglais ou en Français, issues d'une variété de disciplines académiques et d'activistes des Droits de l'Homme, et d'une longueur de 300mots - excluant le nom de l’auteur, l’institution d’attache, l'adresse email et le numéro de téléphone - devraient être soumises au plus tard le 30 juin 2020 à l'adresse email suivante : lubumbvin@gmail.com<mailto:lubumbvin@gmail.com>. Les confirmations d'acceptation seront émises avant le 30 juillet 2020. Les communications sur la violence et d'autres aspects relatifs à la violence sont aussi les bienvenues.

Les frais d’inscription sont de $100 pour les enseignants-chercheurs et activistes des pays non africains, $50 pour les enseignants et activistes des pays africains, $20 pour les Chefs de Travaux, Assistants et Etudiants de Maîtrise. Les frais de déplacements, d'hébergement et de quelques repas sont à charge des participants. Pour des questions sur le colloque, veuillez écrire aux adresses suivantes : chiwengo@creighton.edu; amurcle33@gmail.com; michelkasombo@gmail.com.

Les informations relatives aux hôtels vous seront fournies ultérieurement. michelkasombo@gmail.com; amurcle33@gmail.com; chiwengo@creighton.edu; lubumbvin@gmail.com